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Une émission d’art et culture en français depuis 1996, avec des entretiens approfondis avec des membres de la scène artistique montréalaise et de nouvelles musiques d'artistes locaux.
Every Friday
6 - 7pm
(EST)
November 4, 2022: Rebota rebota y en tu cara explota
Suite au souci technique qui a empêché la diffusion de l'émission d'hier, voici la version écrite de la critique de Lynn sur “Rebota rebota y en tu cara explota”, auquel elle a assisté jeudi soir:
La performance a été conçue et mise en scène par Agnés Mateus et Quim Tarrida, en partenariat avec Série B. Elle est présentée en espagnol et en catalan avec surtitres français et anglais. Pour un petit rappel, Série B. est un rendez-vous artistique et une programmation de danse contemporaine et de ses formes hybrides, lancée en 2016 par DLD. Sa troisième édition est donc présentée du 7 au 13 novembre : “Ce sont 6 œuvres qui investiront quatre lieux situés d’un coin à l’autre de Montréal. Posée en véritable acte de résistance, empreinte de diversité artistique, la programmation rallie des chorégraphes et créateurs qui ont de l’aplomb. Laissant une place de choix aux créateurs montréalais, Série B a, encore cette année, le plaisir d’inclure un projet international à sa programmation.”
(trigger warning: violence conjugale, féminicides) "Rebota Rebota y en tu cara explota" (Ça rebondit, ça rebondit et ça t’éclate en pleine face), c’est un hurlement d’indignation et de colère contre la situation affolante des féminicides en Espagne. Deux par semaine, c’est la statistique macabre de laquelle sont partis Agnés Mateus et Quim Tarrida pour tenter de secouer leur immobilité et la nôtre face à cette révoltante violence domestique et sociétale. La performance s’attaque non seulement aux féminicides, mais également aux stéréotypes attribués aux rôles féminins dans le théâtre et au cinéma.
“Sur un plateau à l’esthétique néo pop, Agnés Mateus seule en scène, dans son pantalon pailleté, scande les insultes que subissent les femmes au son d’une musique techno assourdissante. Puisant dans sa propre rage, elle livre une performance au tempo infatigable au service d’une dénonciation nécessaire. Une dénonciation nécessaire dans le monde entier.” Agnès Mateus est la définition d’une artiste et interprète multidisciplinaire: elle a étudié le journalisme et le théâtre simultanément, avant d’entrer dans le monde de la performance, pour ensuite combiner des études de théâtre et de danse.
Quim Tarrida, quant à lui, est un artiste tout aussi pluridisciplinaire dont l’esthétique néo-pop laisse un certain poids au legs de l’art conceptuel. Ses compétences combinent le dessin, la BD, la photographie, la vidéo, le son et la performance live. En parallèle, il a développé sa carrière professionnelle en tant que directeur créatif et d’art dans des agences de publicité, des studios de création graphique et de communication interactive en ligne. Comme il reste encore quelques représentations jusqu’au 8 novembre, je trouve ça important de ne pas trop vous en dire si jamais vous voulez y aller (il reste des billets pour tous les soirs d’ailleurs). Par contre, je veux vous parler de mon ressenti. J’y suis allée sans grandes attentes, pour permettre à la chapelle de me surprendre positivement comme à l’habitude, ce qui a très bien fonctionné. Agnès Mateus est exceptionnelle, elle habite la scène à elle toute seule, elle arrive à captiver le public, à le faire rire pendant une heure complète. Pour ceux comme moi qui ne parlent pas espagnol ni catalan, on devait lire les sous-titres projetés sur l’écran derrière elle, donc nos yeux faisaient beaucoup d’allers-retours, mais il y avait aussi des moments où on n’avait pas besoin des sous-titres parce que son langage corporel et son interprétation suffisaient à comprendre ce qu’elle voulait dire.
Bref, tout était magnifiquement orchestré, les différentes parties du spectacle s’enchaînaient fluidement et continuent à surprendre jusqu’à la dernière minute. Et puis évidemment, le sujet est essentiel: la violence conjugale, plus particulièrement les féminicides en Espagne. Agnès hurle sa colère et sa révolte avec justesse, et j’ai trouvé ça libérateur de voir une femme prendre tout cet espace pour remettre les choses au clair. Non, on ne va pas se calmer, dit-elle, on ne va pas se calmer parce qu’on a toutes les raisons d’être fâchées.
"Rebota rebota y en tu cara explota" à la Chapelle Scènes Contemporaines: 5 novembre à 19h30 + 7 et 8 novembre à 20h
Photo : Quim Tarrida
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